Petit-fils du fondateur de la marque de mobilier français Carrier et désormais dirigeant de cette PME familiale, Vincent nous reçoit pour nous faire découvrir les coulisses de la marque tricolore, son histoire, ses coups de cœur et ses envies. Une belle histoire à découvrir dès maintenant.
À la découverte de la marque de meubles français Carrier
Bonjour Vincent, pouvez-vous nous présenter la marque Carrier ?
Mobilier Carrier est une entreprise française et familiale fondée par mon grand-père il y a bientôt 75 ans. Elle est située à Lauzun dans le Lot-et-Garonne (47) et se compose aujourd’hui de 20 salariés principalement en production mais également une petite partie dans les tâches administratives, logistiques et dans le développement. Nous concevons du mobilier français pour les espaces intérieurs et extérieurs. Il s’agit principalement de tables, de chaises et de tabourets mais nous créons également depuis quelques années des étagères et des luminaires. Notre collection de mobilier est entièrement pensée et fabriquée en Nouvelle-Aquitaine et nous sommes fiers de défendre les couleurs du Made in France. La particularité de notre entreprise est de travailler exclusivement le métal. Ce choix nous permet de proposer du mobilier design, durable et écologique car le métal est recyclable à l’infini. La seconde particularité, est que nous proposons des produits personnalisables qui permettent de s’adapter aux envies de tous nos clients.
Comment est-elle née ? Racontez-nous son histoire ?
Notre entreprise a été fondée en 1946 par mon grand-père Raymond Carrier qui a acheté la ferronnerie de Guyenne, un petit atelier à Lauzun. Au début de son activité, il fabriquait des gonds et des pentures de volets. Peu de temps après, il décide de faire évoluer son exploitation de quincaillerie vers la fabrication de mobilier scolaire. Aux alentours des années 1960, la France se met au jardin, ce qui pousse l’entreprise à créer et commercialiser une gamme de mobilier en fer forgé l’été et à créer des accessoires pour cheminée l’hiver afin de faire perdurer l’activité toute l’année.
Quelques années plus tard, avec la démocratisation du mobilier de jardin en plastique, l’entreprise a connu des difficultés faisant malheureusement passer ses effectifs de 35 dans les meilleures années à 5 salariés dans les années 1980. Mon grand-père a alors donné les clés de l’entreprise à mon père. Il a fallu se réinventer d’autant plus que les grossistes de quincaillerie à qui nous vendions les accessoires de cheminée commençaient également à fermer boutique. C’est alors que mon père Roger Carrier a eu envie de revenir aux premiers amours de mon grand-père en développant une gamme complète de mobilier de cuisine. Cela a commencé avec Adèle, une chaise en tube, qui était quelque chose d’innovant à l’époque et qui a connu un grand succès. Les modèles qui ont suivis ont continués dans cette voie. Je pense notamment à la chaise Gaëlle pour laquelle nous utilisions la découpe au laser pour insérer des motifs dans le dossier, chose peu commune à l’époque. Toute une collection de tables, chaises et tabourets est venue enrichir notre catalogue en quelques années. C’est en 2003 que je suis arrivé dans la société. Mon premier souhait a été de moderniser les outils de production pour continuer à créer du mobilier français innovant. J’ai également décidé d’agrandir notre catalogue avec la création d’une gamme de luminaires, de tables basses et d’appoints, d’étagères et de meubles sur-mesure.
Comment définiriez-vous le style Carrier ?
Depuis toujours nous souhaitons retranscrire nos valeurs à travers chacun de nos modèles. À savoir, la résistance, le design, l’innovation et l’aspect écologique. Nos produits sont donc intemporels et durables par leur silhouette et leur durabilité. Le style du mobilier français n’est pas une tendance dont on se lasse. Nos meubles aménagent vos maisons avec des lignes élégantes, fines et discrètes. Avec 75 ans d’expérience, notre savoir-faire dans le travail de l’acier nous permet de maîtriser l’ensemble des techniques que ce soit via les machines ou le fait main. Ce savoir-faire apporte une finition inégalée au produit et nous permet de concevoir une grande variété de design.
Pourquoi avoir fait le choix de la personnalisation ?
Comme j’aime le souligner, chaque personne a une morphologie unique et donc des besoins de conforts différents. Nous avons tous des goûts et des modes de vie distincts qui nous amènent à nous organiser différemment dans nos maisons. C’est pour tous ces critères que nous avons choisi de créer du sur-mesure, et que nous restons à l’écoute des demandes pour concevoir de nouvelles lignes. Il est important de retenir que si votre maison comporte des contraintes, comme un pied pour un plan de travail à une hauteur particulière, un meuble d’appoint aux mesures introuvables chez nos concurrents standards, nous sommes là pour aider à trouver des solutions à tous nos clients. Cela vaut également pour le choix des coloris. Cette adaptabilité est ce qui caractérise le mobilier français et en particuliers notre entreprise par rapport à la concurrence internationale.
Racontez-nous comment sont créés vos produits ?
Nous recherchons à avoir des produits au design marqué et pour cela nous nous appuyons sur des designers français. Nous privilégions les créations en interne, même s’il arrive parfois que nous travaillons également avec des designers extérieurs. Nous favorisons le plus souvent le choix interne car un designer extérieur va généralement avoir plus de difficultés à comprendre nos processus de création et les limites que nous pouvons rencontrer. Pour bien comprendre toutes les problématiques auxquelles nous pouvons être confrontées, cela prend du temps.
J’ai commencé ma carrière dans l’informatique avant de rejoindre l’entreprise familiale. Néanmoins, depuis tout petit j’ai été baigné dans l’univers de l’ameublement grâce à mon père mais également mon oncle qui était ébéniste. J’ai pu développer une sensibilité esthétique qui me permet de travailler avec les équipes en interne sur de nouveaux produits. Le processus de création commence généralement par une couleur ou une forme qui nous intéresse. Un procédé de fabrication peut également nous inspirer. Nous allons alors dessiner sur le papier une première ébauche tout en prenant en compte les problématiques de fabrication des opérateurs.
Une fois la silhouette crayonnée, on va la dessiner en 3D via des logiciels dédiés ce qui va nous donner une première approche esthétique. Si tout nous convient, nous allons alors fabriquer les pièces et valider le confort de la chaise via ce prototype. C’est une première projection grandeur nature du produit. Parfois il y a des projets qui passent à la trappe dès cette étape car on s’aperçoit que cela ne marche pas d’un point de vue esthétique et fonctionnel. Il arrive parfois que plus de 50% des projets ne se concrétisent pas. Une fois le prototype validé, on va réaliser une première série qui ressemblera le plus possible à la version finale. Cette première série permettra de régler les derniers détails comme changer la tapisserie, modifier de 1 ou 2 cm la hauteur du dossier, etc. Une fois cette étape terminée, on peut passer à la fabrication du modèle final et lui trouver un nom. Celui-ci est trouvé en fonction de l’année de création du produit en suivant l’ordre de l’alphabet. En se penchant sur notre collection on peut donc facilement voir les modèles les plus récents et ceux les plus anciens. Ensuite, nous pouvons commercialiser le meuble.
Quel est le meuble dont vous êtes le plus fier ?
Chez nous, chaque meuble a une histoire et il est difficile de faire un choix. Par exemple, le tabouret Ophélie est la première pièce que j’ai été amené à concevoir, il y a donc forcément une attache sentimentale. Les meubles sont également liés à des rencontres. Le tabouret Virgule a été dessiné par M. Ragot, un designer français et une très belle personne pour qui j’ai beaucoup d’estime. Lorsque je le regarde je repense forcément à cette belle personne. Chaque produit proposé par notre entreprise est important pour moi. Ils ont été fabriqués car ils me plaisent et plaisent aussi à mon équipe.
Pourquoi est-il important de protéger le mobilier français ?
Je suis persuadé que si on ne fabrique plus on ne créé plus. C’est-à-dire que si nous sommes loin des procédés de fabrication on ne peut plus innover. On le voit en Chine avec la fabrication des smartphones. La production a été le plus souvent délocalisée là-bas et ils ont su se perfectionner avec le temps, ce qui a donné naissance à des marques réputées internationalement. C’est donc important pour moi de ne pas perdre ce savoir-faire français pour continuer à innover.
Le Made in France est également dans l’ADN de l’entreprise depuis sa création et nous souhaitons garder un lien de proximité avec nos clients. Depuis toujours et particulièrement en cette période incertaine, nous voulons être acteur en aidant notre pays. Nous souhaitons favoriser la qualité, les emplois et le savoir-faire tricolore en proposant du mobilier français de qualité.
Quel regard portez-vous sur la tendance du Made in France ?
Il existe des savoir-faire de qualité en France, je suis content que les gens y soient sensibles. Sans cela nous n’existerions peut être plus. C’est important pour moi de garder ces savoir-faire car nous participons à la cohésion sociale. Nous employons des cadres, des gens qui n’ont pas forcément de qualification mais qui ont appris sur le terrain… Acheter du mobilier français et plus globalement du Made in France, permet de protéger nos emplois et de pouvoir vivre décemment de l’activité en étant fier de notre travail. En ce qui nous concerne, nous sommes fiers de créer de beaux produits. Je reste persuadé que c’est grâce à la fierté du travail que le mobilier peut être de qualité.
Qu’est-ce qui différencie selon vous les créations françaises des autres pays ?
En France on a la chance d’avoir un pays avec un niveau de formation et d’instruction qui n’est dans l’ensemble pas mauvais. Nous avons également la chance d’avoir un beau pays, avec de beaux monuments, une histoire et je pense que nous avons une plus grande sensibilité au beau qu’un pays où on pense à fabriquer de la valeur avant de penser à l’esthétique et à la qualité.
Dans tout domaine confondu, faire l’acquisition d’un produit de fabrication française c’est généralement l’assurance d’une robustesse dans le temps ainsi que d’une finition de qualité. Plus qu’une histoire de mode du « Made in France », il y a un réel engagement des entreprises qui font le choix de la fabrication française car cela se traduit par des partenariats avec des acteurs de production locaux et bien souvent des structures à taille humaine. Je pense que faire le choix d’acheter des meubles Made in France ce n’est pas seulement acquérir quelque chose mais effectuer un achat raisonné d’un point de vue social et écologique.
Des actions sont-elles entreprises en faveur de l’environnement ou socialement ?
Chaque action que nous faisons tend vers des choix réfléchis. Tout d’abord, nous travaillons le métal qui est une matière recyclable à l’infini. Nous privilégions également les fournisseurs de proximité certifiés PEFC pour diminuer l’empreinte carbone et proposer des matériaux de qualité. D’autres actions sont entreprises au quotidien. Dernièrement nous avons ajouté des plateaux compacts pour plan de travail ou table à manger. En plus d’être esthétique, ce nouveau matériau peut se vanter d’un faible impact sur l’environnement et la santé. L’ensemble de son cycle de vie, de la matière première en passant par sa fabrication, son transport, son utilisation et sa fin de vie est écoresponsable. Nous faisons également très attention à la santé de nos collaborateurs en évitant d’enchaîner certaines tâches répétitives et physiques. La cause environnementale et sociale est très importante pour nous.
Quelle attache avez-vous avec l’enseigne 4 Pieds ?
4 Pieds collabore avec nous depuis plusieurs dizaines d’années puisque l’enseigne travaillait déjà avec mon père. Il s’agit d’une relation de confiance et d’un partenaire important et fidèle qui a contribué à notre développement en mettant en avant le mobilier français. Nous apprécions également avoir de temps en temps leur avis lorsque nous sortons un nouveau produit. Nous marchons tous les deux main dans la main.
Comment avez-vous vécu le confinement ?
Ce confinement nous a permis de réfléchir davantage sur notre société en général. Nous sommes liés à nos clients. Les magasins étant fermés, nous n’avions plus de commandes. Cela s’est traduit par la mise au chômage technique de l’ensemble du personnel. Nous avons repris partiellement l’activité le 11 mai avec l’équipe complète. La reprise partielle était obligatoire afin de respecter les distances et gestes barrières et ainsi protéger nos collaborateurs. Nous avons espoir que tout continue à fonctionner et reprendre une activité normale. Ces premières semaines ont permis de voir les ventes repartir, cela nous montre que les français avaient impatience de nous revoir, ce qui nous a chaleureusement touché.
Quels sont les défis à relever dans les prochaines années ?
Nous avons la volonté de continuer notre développement avec de nouvelles gammes de produits, d’accroître nos effectifs avec de nouveaux métiers et souhaitons être de plus en plus présents dans les intérieurs des Français.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?
De la réussite dans les différents projets que nous menons et de continuer à être créatif avec notre mobilier personnalisable. La créativité est l’assurance de proposer à nos clients du mobilier français qui plaît et la personnalisation nous permet de continuer à répondre à toutes les envies.
Envie d’en savoir plus et de rentrer dans les coulisses de la marque Carrier ? Découvrez à travers cette vidéo tout le savoir-faire de ces femmes et de ces hommes passionnés.
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