Partons à la rencontre du designer basque Jean-Louis Iratzoki pour évoquer la place du design dans la conception des meubles de bureau, ses inspirations, sa collaboration avec la marque Sokoa et le métier qui l’anime au quotidien.
Bonjour, Jean-Louis, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Jean-Louis Iratzoki et je suis designer depuis 1997. Né au Pays basque, j’ai été formé à l’École Boulle de Paris puis j’ai suivi des études de design à l’École Expérimentale de Madrid. Au tout début de ma carrière, j’ai travaillé à Paris dans des agences de design, puis j’ai décidé de rentrer au pays pour travailler à mon compte. Depuis, je travaille dans un studio de design avec une poignée de personnes.
Comment avez-vous été amené à travailler avec Sokoa et quelles sont les raisons qui vous ont incité à collaborer avec cette entreprise ?
Lorsque je suis revenu au Pays basque, j’ai eu la chance de rencontrer une entreprise comme Sokoa. En effet, au cœur de ses valeurs, se trouve la volonté de créer des emplois dans la région. Dans une région comme la nôtre, où il n’y a pas de grande dynamique industrielle, c’est important de savoir prendre cet engagement. Cela fait maintenant 25 ans que je travaille auprès de cette entreprise et ça a toujours été un plaisir.
Comment intervient votre métier dans la chaine de conception du mobilier de bureau au sein de l’entreprise ?
Le travail démarre toujours par une réflexion qui s’inscrit dans la stratégie de l’entreprise, avec la formulation d’un cahier des charges. Celui-ci peut être décidé par l’entreprise Sokoa seule ou bien avec ma participation. Ce cahier définit la ligne directrice du produit, c’est à dire, la manière dont il va se différencier dans le marché. Ici, il n’est donc pas seulement question de l’apparence que l’on va donner au mobilier de bureau. Différents facteurs liés au contexte économique, commercial et industriel sont pris en compte. Ce mix d’informations, je l’utilise pour créer quelque chose. En fin de compte, le métier de designer va au-delà d’une simple esquisse : c’est l’association de nombreuses données.
D’où provient votre inspiration ?
C’est une question compliquée ! Je pense que c’est l’association de deux choses. Quand on est designer, que ce soit dans le mobilier ou l’automobile, il faut avant tout connaître cet univers et son histoire. Ainsi, il faut être en veille permanente, se rendre dans les salons, etc. On ajoute à cette connaissance, les centres d’intérêt, qui participent à l’inspiration. Moi, j’aime aller dans les usines, observer les savoir-faire des artisans et voir comment s’opère la transformation du matériau. De même, je prends plaisir à déambuler dans les brocantes et observer les anciens meubles.
Selon vous, quels sont les critères primordiaux pour obtenir une chaise de bureau idéale ?
Je dirais tout d’abord l’ergonomie. La chaise de bureau fait partie des meubles les plus complexes. Considérant que l’utilisateur devra s’y asseoir pendant 6 à 7h, le confort est obligatoire. Il faut donc intégrer certaines normes afin d’arriver à ce résultat. En outre, la chaise est pour moi un compagnon de travail sur lequel on aime bouger : il faut pouvoir se lever facilement et être content de s’asseoir dessus. Pour cela, les réglages sont importants. Toutefois, il ne faut pas qu’il y en ait trop !
Comment qualifierez-vous le style du mobilier de bureau signé Iratzoki ?
Je dirais que c’est un meuble qui est le fruit d’un travail fin, un design empreint d’affectivité et de douceur. Pour moi, il est plus important de donner du sens à l’objet que de simplement dessiner de jolies choses.
Nombre de vos designs se sont révélés être des best-sellers pour Sokoa. Comment expliquez-vous leur succès ?
En 25 ans de collaboration, Sokoa et moi-même avons toujours cherché à travailler de la manière la plus juste possible. Ainsi, nous faisons attention aux composants et aux matières utilisés et nous pensons à formuler un prix juste. De plus, nous mettons un point d’honneur à élaborer des collections qui répondent à un véritable besoin : nos produits sont des objets pérennes qui tiennent dans le temps.
Sokoa et vous partagez un amour : le Pays basque. En quoi cette identité peut-elle avoir un impact sur votre travail ?
L’amour du Pays basque, c’est comme l’amour de la France ou de la Belgique, cela nous pousse à nous soucier du bien-être de notre patrie. Je pense qu’il est important pour tout citoyen de se prendre en main et de participer au développement de son pays. Sokoa, crée des emplois et encourage une dynamique industrielle dans une partie du Pays basque qui est trop exposée au tourisme et à la spéculation foncière.
Aujourd’hui, Sokoa est l’un des leaders européens du mobilier de bureau professionnel, d’un point de vue de designer, comment expliquez-vous cette réussite ?
En plus d’être une référence en Europe, Sokoa est un acteur solide sur le territoire notamment grâce à ses valeurs qui consolident sa place de leader. J’entends par là que Sokoa est née pour durer, car elle a été conçue pour créer des emplois avant tout. En faisant appel à de l’épargne populaire et en faisant de tout ses salariés, des actionnaires, on obtient une entreprise solide ! Alors, on résiste aux crises économiques et environnementales sans devoir se revendre au premier acheteur. En plus de tout cela, nous fabriquons des objets de qualité, ça aide !
Dans quelle mesure appréhendez-vous la conception de mobilier de bureau différemment des autres types de meubles ?
De moins en moins. Si vous m’aviez posé la question il y a 20 ans, je vous aurais répondu oui, car le mobilier de bureau était un univers quasi-orthopédique. Aujourd’hui, il existe une transversalité des usages : les lignes entre le domestique et le professionnel se brouillent. D’un côté, on aura le télétravail qui signifie que la chaise de bureau doit s’adapter à ce nouvel environnement. De l’autre, on voit émerger au travail, un souci pour les moments de pause et de convivialité avec du mobilier plus informel tel que des sofas ou des fauteuils, que Sokoa propose également.
Vos créations de mobilier de bureau sont personnalisables et parfois modulables. Pourquoi était-ce important pour vous ?
J’ai toujours travaillé en pensant aux différents paysages intérieurs dans lesquels s’intégreront mes créations. Pour que cela soit possible, il faut que l’utilisateur puisse faire varier les choses : les coloris, les finitions et les fonctions afin que l’objet corresponde parfaitement à son besoin.
Quels sont vos prochains projets design ?
Je travaille, avec Sokoa, sur une nouvelle gamme de chaises de bureau très importante, qui sera le fruit d’un gros travail sur 3 ans. Nous avons hâte de pouvoir vous la présenter prochainement !
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