Bonjour Lauriane, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Je m’appelle Lauriane Derbré et je suis tapissier d’ameublement depuis 5 ans au sein de mon atelier « Sit Down Simone ». Auparavant, je travaillais dans l’import-export. Il y a quelques années, une opportunité d’expatriation s’est concrétisée pour moi et ma famille et j’ai donc quitté la France. À mon retour, j’ai décidé de suivre un CAP afin de pouvoir exercer le métier de tapissier. Durant ma formation, j’ai eu la chance d’apprendre auprès d’artisans confirmés, dont c’est le métier depuis 20, parfois 30 ans. J’ai trouvé ces périodes de stages tellement enrichissantes que j’ai continué à me former auprès d’eux ou dans le cadre de formations à la Chambre des Métiers dans le but de me perfectionner après l’obtention de mon diplôme.
Qu’est-ce qui vous a poussée vers ce métier ?
J’ai toujours été une personne créative, qui aime créer. Durant mon temps libre, je faisais de la peinture, du bricolage, de la couture et j’en passe : on peut dire que j’aime le travail manuel ! Lorsque j’ai entrepris cette reconversion, j’ai réalisé une petite introspection afin de déterminer la voie qui me conviendrait le mieux. Je me suis rendu compte que j’aimais travailler le bois, toucher la matière…. Le métier de tapissier m’a séduite, car il me permet de mettre en œuvre toutes mes compétences artistiques et techniques. En outre, j’aime beaucoup le fait de redonner une seconde chance à tous ces meubles qui terminent souvent leur vie dans les greniers ou les déchetteries, tout simplement car ils sont datés et ne correspondent plus à la mode du moment. Pourtant, avec des idées et de belles matières, ils peuvent retrouver une place de choix dans les intérieurs.
Que vous apporte ce métier au quotidien ?
Premièrement, de pouvoir exprimer ma créativité ! L’artisanat m’a permis d’acquérir une certaine liberté que je n’avais pas en tant que salariée. Ensuite, je dirais que c’est une façon différente de travailler. Il n’y a jamais une journée identique à l’autre, tout dépend du projet. Remplacer le tissu d’un cabriolet ne prend qu’une demi-journée, tandis que refaire un canapé peut prendre jusqu’à 5 jours non-stop. Je ne m’ennuie pas !
Quelle est la réalisation sur laquelle vous avez eu le plus de plaisir à travailler ? Pourquoi ?
L’année dernière, pendant la période des fêtes de fin d’année, une cliente m’a sollicitée pour restaurer un fauteuil club de famille à l’identique, en cuir de basane et en crin. Cela a été un beau challenge technique, mais j’ai adoré travailler sur cette réalisation et en particulier le travail du cuir et de la patine à la cire. Le fauteuil en question était un cadeau de Noël, et cette famille souhaitait retrouver le souvenir de celui qu’ils avaient toujours connu dans le bureau de leur grand-père. Dans ce métier, nous sommes parfois invités à rentrer dans l’intimité des familles, car nous restaurons du mobilier qui a une histoire. Cela fait toujours chaud au cœur de participer à cela.
Quelles sont les qualités requises pour ce métier ?
Selon moi, les 3 principales qualités requises pour devenir tapissier sont la patience, la persévérance et la minutie. C’est un métier de détail, où les finitions ont une grande importance, il faut vraiment prendre son temps et s’appliquer pour obtenir un joli rendu.
Quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui souhaitent moderniser un vieux fauteuil ?
La première chose à faire est de prendre contact avec un tapissier, qui sera à même d’aiguiller le client. Il faut savoir que pour moderniser un vieux fauteuil, il faut choisir un bon tissu. L’esthétisme, les couleurs et les motifs de ce dernier doivent convenir aux envies. Toutefois, il est important de prendre en considération les propriétés du textile : en effet, certains ne seront pas adaptés pour la réfection d’un siège. Le tapissier est là pour conseiller et apporter son expertise. Pour ma part, c’est avec le client que nous décidons du style de tapisserie. Parfois, je peux être amenée à visiter son intérieur afin de déterminer quelle matière, quels motifs et quelles couleurs seront les plus adaptés à la décoration. En résumé, refaire un fauteuil demande un vrai temps de réflexion en amont.
D’où viennent votre créativité et vos inspirations ?
J’ai grandi dans une famille où l’on fait beaucoup de choses de nos mains. Depuis petite, j’ai développé ma créativité à travers diverses activités : couture, tricot, crochet, bricolage… En ce qui concerne les inspirations, je dirais qu’elles sont dans la vie de tous les jours : la nature, l’histoire. Beaucoup de projets sont aussi le fruit de rencontres créatives avec des artisanes de talent ou des architectes décoratrices.
Côté déco, quel est votre style préféré ?
J’aime bien la décoration qui mixe le neuf et l’ancien. J’aime moins les intérieurs trop lisses sortis des catalogues. Je conseille toujours de posséder une ou deux belles pièces d’artisans qui vont donner une âme et de l’originalité à la décoration intérieure.
Quelle est votre matière préférée et pourquoi ?
Le velours, sans hésiter ! Bien que ce soit un textile assez difficile à travailler, j’adore ce tissu aussi bien pour son bel aspect, que pour son toucher doux. Quand on est tapissier, nos mains sont très sollicitées pour sculpter, tendre et lisser les matières : le velours fait partie des textiles très doux qui est vraiment agréable de toucher !
Si vous ne deviez choisir qu’un seul motif ?
Je dirais les motifs géométriques. Il faut dire que j’aime beaucoup le style et la décoration Art Déco et c’est un motif que l’on rencontre souvent dans ce style.
Avez-vous un style de fauteuil préféré à rénover ?
J’aime beaucoup travailler sur les sièges, qui nous viennent tout droit des années 50 aux seventies. C’est un plaisir et c’est une chance de pouvoir travailler sur des meubles de designer de ces années-là, comme un canapé Togo ou une pièce de Paulin, par exemple.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre métier ?
J’aime beaucoup l’étape des finitions, c’est presque le moment de passer à un autre projet et on repense au travail parcouru depuis son arrivée à l’atelier, on se dit “ J’ai réussi à faire ça grâce à mes mains » ! Après avoir investi du temps et de l’énergie, je suis contente de me dire que j’ai pu sauver un meuble de la déchetterie ou du grenier. Pareillement, c’est vraiment gratifiant de voir mes clients heureux de revoir leur fauteuil tout neuf. Il y a toujours beaucoup de reconnaissance et de remerciements de la part de ces derniers. Il faut dire que même si on se retrouve souvent seul dans son atelier, être artisan-tapissier est un métier très humain.
Pour finir, que conseilleriez-vous à un jeune qui souhaite devenir tapissier ?
Je lui conseillerais tout d’abord de bien se former, de passer le diplôme nécessaire, mais également de continuer à se former constamment, car il y a toujours des choses à apprendre. Je pense qu’il est important d’être curieux, de frapper à la porte de nos ateliers et de ne pas avoir peur de s’investir à 150%. Le métier d’artisan-tapissier demande du temps et de l’énergie. C’est une profession physique qui sollicite beaucoup le dos et les articulations. Pour exercer ce métier, je pense qu’il est important d’être passionné !
Pour aller plus loin dans la découverte du métier d’artisan-tapissier, consultez notre article « Recouvrir un fauteuil en tissu : toutes les étapes expliquées par un artisan tapissier » où Lauriane Derbré nous a fait le plaisir de vous expliquer toutes les étapes indispensables pour relooker son fauteuil !
Vous souhaitez donner votre avis sur cet article ?
Laissez le premier commentaire !